Clos II (Le)

Localisation : Buchères (Aube)
Année(s) d’intervention : 2009
Aménageur : Troyes Habitat
Thématique : Cimetière de plein champ du haut Moyen Âge

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Notice scientifique

Le choix d’implantation d’un lotissement d’habitations « Le Clos II » au lieu-dit « Le Clos » à Buchères (Aube) a été à l’origine de la découverte d’un cimetière de plein champ du haut Moyen Âge en novembre 2005. Une opération de fouille préventive a été réalisée sur une superficie de 4800 m² durant l’été 2009 afin de circonscrire et étudier de manière exhaustive cette vaste aire funéraire.

La fouille a montré une fréquentation du site remontant au Néolithique ancien, voire au Mésolithique, en livrant de rares restes de rejets domestiques (céramiques, lithiques, fauniques). L’essentiel de la fouille a porté sur l’aire funéraire qui a livré les restes de 151 individus répartis dans 139 structures funéraires. En revanche, aucune structure bâtie témoignant de l’existence d’un édifice religieux n’a été mise au jour. Une grande série de datation radiocarbone mais aussi la présence de mobilier associé à certains défunts permet d’apprécier la durée de fonctionnement du cimetière. Les premières inhumations remontent à la fin du VIe siècle. L’aire funéraire semble atteindre les limites de son extension vers la fin du IXe, puis cesse de fonctionner au début du XIe. En considérant une durée d’occupation de plus de quatre siècles, il est envisageable que les individus inhumés appartiennent à un petit groupe, peut être une seule famille habitant un hameau à proximité dont la localisation exacte demeure pour l’heure inconnue. L’association de plusieurs défunts par le réemploi des fosses et le partage de certains caractères anatomiques accréditent cette idée de regroupements familiaux. L’étude paléodémographique a montré qu’en dehors des très jeunes individus décédés avant l’âge d’un an, les défunts inhumés étaient représentatifs d’une population exhaustive au schéma de mortalité archaïque. L’étude anthropologique a mis en évidence des taux de caries, de pertes et d’abcès dentaires particulièrement élevés, suggérant un groupe défavorisé au régime alimentaire peu diversifié.

Les pratiques funéraires apparaissent très simples et standardisées et se limitent, dans le cas général, à une inhumation en plein terre dans une fosse aux dimensions modestes et dépourvues du moindre aménagement. L’usage de linceuls a pu être mis en évidence dans de nombreux cas. Les sépultures les plus anciennes témoignent de la persistance de la pratique de l’inhumation habillée et ont livré des éléments de ceintures (plaques-boucles) dont certains portent de riches décors damasquinés. En revanche, la grande majorité des sépultures plus tardives est dépourvue de mobilier et révèle l’influence du Christianisme et la mise aux normes des pratiques funéraires par l’Église dans les campagnes auboises.