Église Saint-Martin

Localisation : Montagne (Gironde)
Année(s) d’intervention : 2013
Aménageur : Municipalité de Montagne
Thématique : Évolution du cimetière paroissial du Moyen-âge à nos jours

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Avis de CIRA non émis

Notice scientifique

Dans le cadre de la rénovation du bourg de Montagne, une opération de fouille archéologique préventive a été mise en œuvre du 23 septembre au 31 octobre 2013. Concentrée sur une superficie de 90 m² au niveau de l’angle sud de l’ancien cimetière de l’église Saint-Martin, cette opération a permis la mise au jour d’environ 150 sépultures étagées sur une stratigraphie de plus de 2,50 m.

Les niveaux les plus récents s’apparentent à un dépotoir pris dans un important remblai ayant livré de nombreux ossements remaniés et des fragments de vestiges funéraires modernes et contemporains (décoration mortuaires, fragments de vases, ferronnerie…). Les sépultures les plus récentes apparaissent sous ce niveau. Elles sont principalement en cercueils et ont livré plusieurs monnaies des XVIIIe et XIXe siècles. Quelques objets de piété ou appartenant à la sphère personnelle ont également été découverts : chapelets, crucifix, médailles de la vierge, bagues, médaille militaire, canif, canines de sangliers…

Le niveau sous-jacent a livré une quarantaine de sépultures inhumées en pleine terre avec un fort taux de recoupement. Certains individus étaient ceints dans un linceul fermé par des épingles. Une datation radiocarbone et l’identification des monnaies mises au jour dans ces sépultures datent ce niveau entre le XVe et le début du XVIIIe siècle. Ces défunts reposent pour certains sur de larges dalles calcaires correspondant aux couvertures d’une vingtaine de coffres médiévaux. Ces derniers sont de deux types : le premier type est monté sur des pierres de taille massives et régulières tandis que le second type (sensiblement plus ancien), paraissant plus précaire, est constitué par de petits moellons et des madriers de bois. Certaines pierres utilisées pour la couverture des coffres sont des éléments architecturaux réemployés appartenant à un édifice monumental ruiné, peut-être d’une première église ayant précédé Saint-Martin. Les éléments mobiliers livrés par ces coffres se résument à une obole en argent du XIIe siècle et une coquille Saint-Jacques. Le squelette de cette sépulture a été daté par radiocarbone. La datation obtenue (980–1035) en fait la plus ancienne tombe de pèlerin de Saint-Jacques connue dans le Sud-Ouest.

Ces coffres se superposent à d’autres dalles de couverture, parfois en partie démantelées, qui recouvraient les plus anciennes sépultures du cimetière. Ces dernières sont rupestres et anthropomorphes. Certaines présentent une alvéole céphalique mais cet aménagement n’est pas systématique et ne semble pas avoir une grande pertinence sur le plan typo-chronologique. Les sépultures les plus anciennes sont prises dans un niveau de sol, ce qui témoigne tant de leur faible profondeur d’inhumation que de l’importance des remblais déversés les siècles suivants. Une série de datations radiocarbones a permis d’appréhender l’ancienneté de ces premières sépultures : sépulture 143 (980–1040), sépulture 144 (995–1025), sépulture 163 (880–975) et sépulture 165 (800–895).

L’église Saint-Martin présente un style architectural typique du XIIe siècle, or certaines sépultures pourraient remonter au IXe siècle. Dans cette mesure, l’aire funéraire serait plus ancienne que l’église d’au moins trois siècles. Ces nouvelles données sont importantes dans la mesure où elles supposent l’existence d’un premier édifice religieux préroman en lieu et place de l’église Saint-Martin et qui serait à l’origine de l’implantation du bourg de Montagne.

Le mur ceinturant le cimetière a été construit au début du XVIe siècle. La fouille a montré que de nombreuses sépultures se faisaient couper par le mur. Au Moyen-âge, l’aire funéraire entourant l’église devait être bien plus étendue qu’elle n’apparaît de nos jours.