Pont Pillard (Le)

Localisation : Sarry (Marne)
Année(s) d’intervention : 2010
Aménageur : Stéphane ELHAOUEL (particulier)
Thématique : Organisation spatiale et chronologique d’une nécropole médiévale et de son environnement immédiat

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Notice scientifique

L’implantation d’un lotissement au lieu-dit « Pont Pillard » sur la commune de Sarry (Marne) a permis la découverte d’une aire funéraire dense. Au printemps 2010, une opération de fouille préventive a été menée sur la seule partie conservée de ce gisement (640 m²).

Cette emprise correspond à la limite méridionale de l’espace funéraire. La fouille a en effet mis en évidence, dans la partie nord-ouest, une zone funéraire composée de quinze inhumations tandis que la partie est est occupée par un petit bâtiment dont ne subsistent que quelques murs.

Bien que peu représentatives de l’ensemble de la nécropole, les observations anthropologiques des quinze sépultures mettent en exergue un ensemble d’individus âgés (arthrose, forte usure dentaire, ossifications cartilagineuses) dominée par des hommes (huit hommes et quatre femmes). Peu d’immatures ont été retrouvés dans cette partie du cimetière. Il s’agit d’une population plutôt « défavorisée » dont les marqueurs de stress sont omniprésents (hypoplasies, cribra orbitalia). Les nombreuses fractures et luxations observées ainsi que la présence d’usure d’activité sur les dents d’un individu sont en faveur d’une population de laboratores. D’autre part, des indices concernant les pratiques alimentaires ont pu être décelés. L’usure des dents à laquelle s’ajoutent les pertes ante mortem et le nombre élevé de caries suggèrent en effet l’ingestion d’une nourriture riche en glucides incluant des particules abrasives (nourriture mal lavée ? Relation avec la façon de préparer la nourriture ?)

Peu d’informations recueillies sur le terrain nous renseignent sur l’utilisation de l’ensemble bâti. Il est cependant indiscutable que cette zone n’a pas fonctionné en tant que chapelle ou église. En effet, la présence d’un foyer au sein de l’édifice, de divers sols avec des niveaux de recharge ainsi que le plan en lui-même témoignent d’une fonction domestique et non religieuse.

Les datations 14C, les études céramiques ainsi que la stratigraphie permettent de situer l’occupation du site de la période gallo-romaine à nos jours avec une occupation plus importante au cours du Moyen Âge. Ainsi, l’occupation principale se situe entre le XIe et le XIVe siècle et concerne d’une part la zone funéraire et d’autre part la zone de bâti. L’étude des documents archéologiques de ce gisement est en cours. Il ne fait nul doute que les résultats permettront de mieux comprendre les relations qui ont pu exister entre l’aire funéraire et l’aire domestique dans un village marqué par une forte empreinte religieuse.