Dessin de Mazan

Sablons (Les)

Localisation : Luxé (Charente)
Année(s) d’intervention : 2011
Aménageur : Réseau Ferré de France
Thématique : Aires funéraires de l’Âge du Bronze et de la fin de l’Antiquité/haut moyen Âge, aire domestique du haut moyen Âge

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Avis de CIRA non émis

Notice scientifique

La mise en place de la Ligne à Grande Vitesse Sud-Europe Atlantique devant relier Tours à Bordeaux a entraîné la prescription d’un diagnostic archéologique au lieu-dit « Les Sablons » sur la commune de Luxé (Charente) (Phase 11 du projet LGV).

Ce dernier fait état de la présence d’un cimetière médiéval à proximité immédiate d’une occupation du haut Moyen Âge à vocation possiblement artisanale.

La fouille archéologique, menée d’août à décembre 2011, sur une surface de 16450m², a montré la complexité de l’occupation, et des vestiges attribuables à diverses périodes ont pu être mis au jour. Le matériel le plus ancien, attribué au paléolithique (rares indices) et au néolithique, est présent de manière résiduelle. Une occupation protohistorique a été observée par la fouille de deux enclos circulaires auxquels semble être associée une crémation en urne, datée par la céramique, du Bronze final IIIb.

La fouille exhaustive de l’aire funéraire alto-médiévale a permis d’observer environ 400 sépultures organisées en petits groupes. La nature de ces regroupements ne nous est cependant pas connue bien que l’étude biologique plaide en faveur de regroupements familiaux dans le cas de certaines sépultures.

La population caractérise des hommes, des femmes et des enfants inhumés dans des contenants variés. Sont ainsi présents des coffrages et des sarcophages en pierres ainsi que des contenants en matériau périssable (coffrages en bois ou cercueils chevillés, cercueils monoxyles). Les contenants en pierre témoignent, pour un grand nombre, de la proximité d’une occupation antique. Ainsi, ils remploient des matériaux issus de bâtiments gallo-romains : dalles de bassin, linteau, etc. L’ensemble du mobilier recueilli (céramique, métal, verre) permet d’attribuer l’utilisation de cette nécropole à la fin de l’Antiquité tardive et au haut Moyen Âge.

Une aire domestique a été découverte au nord du secteur funéraire. Elle se compose de plusieurs unités d’exploitation. Chaque unité est généralement définie par la présence d’une cabane excavée, d’un silo, de structures de combustion, d’un bâtiment construit au niveau du sol et d’un grenier sur pieux. Il semble toutefois que nous ne soyons qu’en marge d’un habitat dont les limites ne peuvent être appréhendées.
Les datations 14C ainsi que les diverses études de matériel rattachent cet ensemble à une période allant de la fin de l’Antiquité tardive au XIIe siècle.

Par ailleurs, douze squelettes de bovins, complets ou pratiquement complets, ont été mis au jour au nord-est de la nécropole. La similitude dans le traitement de ces carcasses et dans leur mode d’inhumation plaide pour la contemporanéité des structures. La mise en évidence d’un enfouissement rapide des corps et la non consommation de la viande suggèrent que ces bovins ont été victimes d’une épizootie. Les datations radiocarbone effectuées sur trois individus permettent de rattacher cet épisode de mort au début du VIIe siècle, alors que la nécropole et l’habitat sont en fonction.

Ce site, dont l’occupation principale semble se situer durant le premier Moyen Âge (Ve–XIe s.) et dont la fonction funéraire a pu être pérenne, permet d’appréhender les relations qui ont pu exister entre le monde des morts et le monde des vivants dans une zone marquée par une forte empreinte antique. De plus, il témoigne vraisemblablement de la première épizootie bien calé chronologiquement pour le haut Moyen Âge.