Localisation : Jouy-le-Moutier (Val-d’Oise)
Année(s) d’intervention : 2013
Aménageur : Communauté d’agglomération de Cergy-Pontoise
Thématique : Aire funéraire protohistorique
Rapport d’opération à remettre fin 2015
Localisation : Jouy-le-Moutier (Val-d’Oise)
Année(s) d’intervention : 2013
Aménageur : Communauté d’agglomération de Cergy-Pontoise
Thématique : Aire funéraire protohistorique
Rapport d’opération à remettre fin 2015
Localisation : Montagne (Gironde)
Année(s) d’intervention : 2013
Aménageur : Municipalité de Montagne
Thématique : Évolution du cimetière paroissial du Moyen-âge à nos jours
Avis de CIRA non émis
Dans le cadre de la rénovation du bourg de Montagne, une opération de fouille archéologique préventive a été mise en œuvre du 23 septembre au 31 octobre 2013. Concentrée sur une superficie de 90 m² au niveau de l’angle sud de l’ancien cimetière de l’église Saint-Martin, cette opération a permis la mise au jour d’environ 150 sépultures étagées sur une stratigraphie de plus de 2,50 m.
Les niveaux les plus récents s’apparentent à un dépotoir pris dans un important remblai ayant livré de nombreux ossements remaniés et des fragments de vestiges funéraires modernes et contemporains (décoration mortuaires, fragments de vases, ferronnerie…). Les sépultures les plus récentes apparaissent sous ce niveau. Elles sont principalement en cercueils et ont livré plusieurs monnaies des XVIIIe et XIXe siècles. Quelques objets de piété ou appartenant à la sphère personnelle ont également été découverts : chapelets, crucifix, médailles de la vierge, bagues, médaille militaire, canif, canines de sangliers…
Le niveau sous-jacent a livré une quarantaine de sépultures inhumées en pleine terre avec un fort taux de recoupement. Certains individus étaient ceints dans un linceul fermé par des épingles. Une datation radiocarbone et l’identification des monnaies mises au jour dans ces sépultures datent ce niveau entre le XVe et le début du XVIIIe siècle. Ces défunts reposent pour certains sur de larges dalles calcaires correspondant aux couvertures d’une vingtaine de coffres médiévaux. Ces derniers sont de deux types : le premier type est monté sur des pierres de taille massives et régulières tandis que le second type (sensiblement plus ancien), paraissant plus précaire, est constitué par de petits moellons et des madriers de bois. Certaines pierres utilisées pour la couverture des coffres sont des éléments architecturaux réemployés appartenant à un édifice monumental ruiné, peut-être d’une première église ayant précédé Saint-Martin. Les éléments mobiliers livrés par ces coffres se résument à une obole en argent du XIIe siècle et une coquille Saint-Jacques. Le squelette de cette sépulture a été daté par radiocarbone. La datation obtenue (980–1035) en fait la plus ancienne tombe de pèlerin de Saint-Jacques connue dans le Sud-Ouest.
Ces coffres se superposent à d’autres dalles de couverture, parfois en partie démantelées, qui recouvraient les plus anciennes sépultures du cimetière. Ces dernières sont rupestres et anthropomorphes. Certaines présentent une alvéole céphalique mais cet aménagement n’est pas systématique et ne semble pas avoir une grande pertinence sur le plan typo-chronologique. Les sépultures les plus anciennes sont prises dans un niveau de sol, ce qui témoigne tant de leur faible profondeur d’inhumation que de l’importance des remblais déversés les siècles suivants. Une série de datations radiocarbones a permis d’appréhender l’ancienneté de ces premières sépultures : sépulture 143 (980–1040), sépulture 144 (995–1025), sépulture 163 (880–975) et sépulture 165 (800–895).
L’église Saint-Martin présente un style architectural typique du XIIe siècle, or certaines sépultures pourraient remonter au IXe siècle. Dans cette mesure, l’aire funéraire serait plus ancienne que l’église d’au moins trois siècles. Ces nouvelles données sont importantes dans la mesure où elles supposent l’existence d’un premier édifice religieux préroman en lieu et place de l’église Saint-Martin et qui serait à l’origine de l’implantation du bourg de Montagne.
Le mur ceinturant le cimetière a été construit au début du XVIe siècle. La fouille a montré que de nombreuses sépultures se faisaient couper par le mur. Au Moyen-âge, l’aire funéraire entourant l’église devait être bien plus étendue qu’elle n’apparaît de nos jours.
Localisation : Lons (Pyrénées-Atlantiques)
Année(s) d’intervention : 2013
Aménageur : Progefim — SNC Hapolo
Thématique : Érection d’un tertre néolithique, réappropriation funéraire à l’âge du Fer
Avis de CIRA non émis
Dans le cadre de la construction d’un lotissement d’habitations par la société SNC Hapolo sur la commune de Lons (Boulevard de l’Europe, lieu-dit Haut du Pont-Long), une fouille archéologique a été mise en œuvre du 3 au 28 mars 2014. L’opération a concerné une surface de 750 m² centrée sur un enclos fossoyé. Ce dernier ceinturait un tumulus qui avait fait l’objet d’une première fouille en 1986 sous la direction de Claude Blanc. Depuis cette date, le site a subi un important arasement du fait des labours et seules les structures les plus profondément fossoyées ont été épargnées. L’enclos prend la forme d’un cercle très régulier de 17,30 m de diamètre. Le fossé présente un fond plat, des parois ouvertes, une largeur d’environ 70 cm pour une profondeur variant entre 19 et 38 cm en fonction de l’intensité du décapage. Le fossé présente deux interruptions au nord-est. Il semble que ce dernier soit resté ouvert et se soit comblé naturellement sous l’action du ruissellement. Aucun indice n’évoque l’existence d’une palissade. Son comblement a livré une cinquantaine de galets dont certains ont été aménagés (chopper ou chopping tool) tandis que d’autres ont été utilisés comme percuteurs, broyeurs ou enclumes. Seuls deux tessons céramiques à pâte grossière ont été exhumés. Une datation radiocarbone réalisée sur un charbon de bois a attribué le comblement du fossé aux années 2460–2205 av. J.C. Une demi-douzaine de fosses, vraisemblablement assimilables à des trous de poteau, a été mise en évidence au centre de l’enclos. Elles semblent circonscrire une aire constituée de gros galets et d’argile rubéfiée (fouillée en 1986). L’ensemble pourrait correspondre à un petit bâtiment édifié au sommet du tertre. Une datation radiocarbone réalisée sur un charbon attribue ces structures aux années 2285–2060 av. J.C. Ces dernières sont par conséquent contemporaines du fossé et peuvent être attribuées à la fin du Néolithique ou au Chalcolithique. Par la suite, le tertre a été profondément remanié par l’action d’animaux fouisseurs (blaireaux), laissant peu de structures intactes. Si le tertre a fait l’objet d’une occupation funéraire, cela semble uniquement être le fait des populations de l’âge du Fer. Nous n’avons mis au jour aucun élément susceptible de supporter l’hypothèse d’une fonction funéraire durant le Chalcolithique. Dans cette mesure, l’hypothèse d’une aire domestique, occupée de manière épisodique dans le cadre des transhumances, nous paraît tout aussi probable.
Localisation : Chef-Boutonne (Deux-Sèvres)
Année(s) d’intervention : 2013
Aménageur : Municipalité de Chef-Boutonne
Thématique : Les aires funéraires du haut Moyen Âge
Avis de CIRA non émis
Le diagnostic réalisé par David Brunie (Inrap) en mars 2013 (Brunie, 2013) sur l’emprise du projet de la future gendarmerie de Chef-Boutonne a révélé la présence d’une nécropole du haut Moyen-âge dans la partie sud-est de la parcelle. Neuf sépultures, organisées en deux rangées, y ont été découvertes. L’une d’entre elles a été fouillée et a livré du mobilier métallique. Une opération de fouille a été prescrite et la SARL Archéosphère est intervenue du 18 novembre au 13 décembre 2013.
Une trentaine de tombes ont été fouillées en périphérie de cette parcelle en 1948 et dans les années 60, lors de la construction du stade, du CFA et des premières maisons du lotissement de l’avenue Kennedy. Ces sépultures d’architectures variées (tombes à couverture en bâtière, sarcophages, etc.) ont livré du mobilier céramique, des monnaies et du mobilier métallique datant du IVe au VIIe siècle.
La zone de prescription de fouilles archéologiques mesure 1200 m2. Cependant, le substrat calcaire (calcaires argileux Callovien riches en ammonites) a été détruit sur plus d’un mètre de profondeur dans toute la moitié nord de la zone. La nécropole s’étend sur une surface de 275 m2 dans le coin sud-est de l’emprise.
Quarante huit sépultures ont été identifiées. Elles affleurent juste sous la terre végétale et ne sont conservées que sur une dizaine de centimètres d’épaisseur. Les limites de fosses sont difficiles à observer et les sépultures ne se distinguent que lors de l’affleurement des restes osseux.
Comme observé au diagnostic, les tombes s’agencent en rangées. Les défunts sont inhumés sur le dos, jambes allongées, les bras en extension le long du corps ou légèrement fléchis, les mains sur le pubis. Seules deux réductions ont été observées, les os du premier inhumé étant repoussés sur les bords de la tombe dans les deux cas. Deux amas osseux contenant les restes de plusieurs individus sans organisation particulière ont également été découverts. Les hommes comme les femmes, les adultes comme les immatures sont présents. Seuls manquent les très jeunes enfants. Les os sont ici très altérés (notamment par l’impact des racines) et les tombes sont peu profondes, l’absence de cette classe d’âge peut être donc lié à un problème de conservation différentielle.
Douze tombes ont livré du mobilier métallique. Il est constitué d’éléments de ceintures en bronze ou en fer, ainsi que de plaques décoratives d’un étui à couteau ou d’une aumônière, ainsi que d’un couteau. Les ardillons et les rivets scutiformes semblent dater de la seconde moitié du VIe siècle. Par ailleurs, plusieurs perles en verre ont été recueillies.
L’étude post-fouille va se focaliser sur la caractérisation biologique des défunts, ainsi que sur la chronologie de mise en place et d’évolution de cette partie de nécropole.
Localisation : Éraville (Charente)
Année(s) d’intervention : 2012
Aménageur : Municipalité d’Éraville
Thématique : Aire funéraire autour d’un édifice religieux
La commune d’Éraville a mis en place un projet d’assainissement des maçonneries et de réhabilitation des proportions architecturales d’origine de l’église Saint-Pierre, inscrite au titre des Monuments Historiques le 31 mai 1965. Le diagnostic réalisé en 2011 par Emmanuel Barbier (Inrap) a confirmé l’important encaissement de cette petite église située sur le flanc d’un vallon de la Champagne charentaise. Le sondage sur le parvis a révélé le niveau des bases des colonnes de la façade occidentale à 1,20 m du niveau du sol actuel. Le long du mur gouttereau nord et sur le parvis, une aire funéraire a été décelée.
L’église Saint-Pierre se présente sous la forme d’une nef unique se terminant par une abside. Les sources ne la mentionnent pas avant la fin du XIIIe siècle. Cependant, certains caractères architecturaux, notamment au niveau du chevet et de la façade occidentale, permettent de rattacher sa construction au siècle antérieur. Des reconstructions des murs gouttereaux ont eu lieu au cours du XVIe siècle. Jusqu’à 1858, le cimetière prenait place au nord-ouest de l’église ; le plan cadastral de 1834 le situe au niveau du terre-plein en surplomb de l’église.
L’opération de fouille réalisée en octobre 2012 sur 95 m2 a rendu possible la documentation des niveaux situés au contact de l’église le long du chevet et du mur nord ainsi que ceux présents sur le parvis. Les vestiges mis au jour permettent d’appréhender une dizaine de siècles de l’histoire de la communauté d’Éraville autour de son église.
Les premières sépultures s’implantent dès le Xe siècle selon les résultats des datations radiocarbone. Il s’agit de sépultures en fosse rupestre couverte ou en coffrage de dalles calcaires. L’une d’elle est creusée en partie dans un massif de fondation qui serait alors le témoin d’un premier bâtiment sous l’édifice actuel. À partir du XIIIe siècle, la zone le long du mur nord est abandonnée au profit du parvis. L’activité des fossoyeurs s’intensifie ; de nombreux recoupements et superpositions sont observables. Les inhumations en cercueil apparaissent à Éraville au XVe siècle. L’édifice connait des modifications durant cette phase.
Deux petits contreforts sont accolés au mur gouttereau et un ballet est adjoint à la façade. Cependant, ce dernier ne semble pas perdurer au-delà du XVIe siècle. À partir du XVIIe siècle, les inhumations, uniquement en cercueil, réapparaissent le long du mur nord et ce jusqu’au début du XXe siècle comme l’atteste le petit mobilier qui accompagnait les défunts (accessoires vestimentaires, chapelet, monnaie).
L’étude paléobiologique donne une idée de la population inhumée à Éraville durant le Moyen Âge, bien que l’échantillon réduit minimise la portée d’une exploitation statistique et de son interprétation. Elle présente un certain nombre de points communs avec les caractéristiques d’une population naturelle au schéma de mortalité archaïque. Les marques de stress et les pathologies observées sont en accord avec les référentiels documentés pour les populations médiévales. Elle a mis en évidence la présence de deux individus atteints de handicaps physiques importants, parfaitement intégrés dans la communauté des défunts.
La mise au jour de quatre céramiques ayant subi des opérations de mutilation renseigne sur la pratique de ce type de dépôt au sein des sépultures médiévales. Six blocs trapézoïdaux massifs (jusqu’à 46 cm d’épaisseur) en calcaire blanc à rudistes ont été découverts. Trois d’entre eux ont servi de couvercles à des sépultures anthropomorphes rupestres ; les trois autres, situés devant le seuil de l’église, participent à l’exhaussement du niveau du parvis avant la construction du ballet. Il pourrait s’agir de blocs capables pour le façonnage de sarcophages de type mérovingien. Leur emploi dans ces diverses fonctions révélerait alors la présence d’un atelier à proximité.
Localisation : Ormes (Marne)
Année(s) d’intervention : 2009
Aménageur : SANEF
Thématique : Les aires funéraires à crémation de la Tène finale à la période Gallo-Romaine
La modification du tracé de l’autoroute A4 (contournement sud de Reims) par la Sanef a entraîné une prescription de diagnostic du SRA de Champagne-Ardenne sur la totalité de ce tracé. Au final, sur plus de 71ha sondés, 13 sites archéologiques ont été découverts, dont le site 13, situé sur la limite des communes d’Ormes et de Thillois, au lieu-dit « Les Sintiniers ».
L’opération de diagnostic a mis à jour une aire funéraire gallo-romaine composée d’un enclos quadrangulaire fermé, comprenant quatre trous de poteaux, associé à quatre sépultures à crémation. Lors du décapage intégral de l’emprise, un second enclos incomplet au nord-ouest du premier a été découvert. Ces deux enclos sont bordés à l’est par onze sépultures à crémation, accompagnées de plusieurs vases à offrandes. L’une de ces sépultures a été placée dans une urne en verre avec son couvercle, elle-même placée au centre d’un coffret à armatures en fer. Son système de fermeture est constitué d’une plaque en alliage cuivreux ornée de huit capsules léontomorphes.
Au sud du site, une seconde aire funéraire antérieure, attribuée à La Tène finale a été mise au jour. Elle se compose d’un enclos en agrafe (ouvert au nord) associé à trois sépultures à crémation et d’une fosse contenant des vases d’accompagnement. L’une de ces sépultures, située dans l’espace enclos, comprend douze vases complets disposés autour de plusieurs quartiers de porc (crâne, grill thoracique et patte arrière), donnant l’illusion de la présence d’un porc complet. Près des vases, un amas osseux, vraisemblablement déposé dans un contenant périssable, a été retrouvé. Cet amas contenait les restes d’un individu de taille adulte de plus de 15 ans.
Ce site, cohérent dans son organisation, nous fournit l’opportunité d’étudier un exemple de continuité des pratiques funéraires à la transition entre la Tène finale et l’époque gallo-romaine en Champagne-Ardenne.
Localisation : Luxé (Charente)
Année(s) d’intervention : 2011
Aménageur : Réseau Ferré de France
Thématique : Aires funéraires de l’Âge du Bronze et de la fin de l’Antiquité/haut moyen Âge, aire domestique du haut moyen Âge
Avis de CIRA non émis
La mise en place de la Ligne à Grande Vitesse Sud-Europe Atlantique devant relier Tours à Bordeaux a entraîné la prescription d’un diagnostic archéologique au lieu-dit « Les Sablons » sur la commune de Luxé (Charente) (Phase 11 du projet LGV).
Ce dernier fait état de la présence d’un cimetière médiéval à proximité immédiate d’une occupation du haut Moyen Âge à vocation possiblement artisanale.
La fouille archéologique, menée d’août à décembre 2011, sur une surface de 16450m², a montré la complexité de l’occupation, et des vestiges attribuables à diverses périodes ont pu être mis au jour. Le matériel le plus ancien, attribué au paléolithique (rares indices) et au néolithique, est présent de manière résiduelle. Une occupation protohistorique a été observée par la fouille de deux enclos circulaires auxquels semble être associée une crémation en urne, datée par la céramique, du Bronze final IIIb.
La fouille exhaustive de l’aire funéraire alto-médiévale a permis d’observer environ 400 sépultures organisées en petits groupes. La nature de ces regroupements ne nous est cependant pas connue bien que l’étude biologique plaide en faveur de regroupements familiaux dans le cas de certaines sépultures.
La population caractérise des hommes, des femmes et des enfants inhumés dans des contenants variés. Sont ainsi présents des coffrages et des sarcophages en pierres ainsi que des contenants en matériau périssable (coffrages en bois ou cercueils chevillés, cercueils monoxyles). Les contenants en pierre témoignent, pour un grand nombre, de la proximité d’une occupation antique. Ainsi, ils remploient des matériaux issus de bâtiments gallo-romains : dalles de bassin, linteau, etc. L’ensemble du mobilier recueilli (céramique, métal, verre) permet d’attribuer l’utilisation de cette nécropole à la fin de l’Antiquité tardive et au haut Moyen Âge.
Une aire domestique a été découverte au nord du secteur funéraire. Elle se compose de plusieurs unités d’exploitation. Chaque unité est généralement définie par la présence d’une cabane excavée, d’un silo, de structures de combustion, d’un bâtiment construit au niveau du sol et d’un grenier sur pieux. Il semble toutefois que nous ne soyons qu’en marge d’un habitat dont les limites ne peuvent être appréhendées.
Les datations 14C ainsi que les diverses études de matériel rattachent cet ensemble à une période allant de la fin de l’Antiquité tardive au XIIe siècle.
Par ailleurs, douze squelettes de bovins, complets ou pratiquement complets, ont été mis au jour au nord-est de la nécropole. La similitude dans le traitement de ces carcasses et dans leur mode d’inhumation plaide pour la contemporanéité des structures. La mise en évidence d’un enfouissement rapide des corps et la non consommation de la viande suggèrent que ces bovins ont été victimes d’une épizootie. Les datations radiocarbone effectuées sur trois individus permettent de rattacher cet épisode de mort au début du VIIe siècle, alors que la nécropole et l’habitat sont en fonction.
Ce site, dont l’occupation principale semble se situer durant le premier Moyen Âge (Ve–XIe s.) et dont la fonction funéraire a pu être pérenne, permet d’appréhender les relations qui ont pu exister entre le monde des morts et le monde des vivants dans une zone marquée par une forte empreinte antique. De plus, il témoigne vraisemblablement de la première épizootie bien calé chronologiquement pour le haut Moyen Âge.
Localisation : Sarry (Marne)
Année(s) d’intervention : 2010
Aménageur : Stéphane ELHAOUEL (particulier)
Thématique : Organisation spatiale et chronologique d’une nécropole médiévale et de son environnement immédiat
L’implantation d’un lotissement au lieu-dit « Pont Pillard » sur la commune de Sarry (Marne) a permis la découverte d’une aire funéraire dense. Au printemps 2010, une opération de fouille préventive a été menée sur la seule partie conservée de ce gisement (640 m²).
Cette emprise correspond à la limite méridionale de l’espace funéraire. La fouille a en effet mis en évidence, dans la partie nord-ouest, une zone funéraire composée de quinze inhumations tandis que la partie est est occupée par un petit bâtiment dont ne subsistent que quelques murs.
Bien que peu représentatives de l’ensemble de la nécropole, les observations anthropologiques des quinze sépultures mettent en exergue un ensemble d’individus âgés (arthrose, forte usure dentaire, ossifications cartilagineuses) dominée par des hommes (huit hommes et quatre femmes). Peu d’immatures ont été retrouvés dans cette partie du cimetière. Il s’agit d’une population plutôt « défavorisée » dont les marqueurs de stress sont omniprésents (hypoplasies, cribra orbitalia). Les nombreuses fractures et luxations observées ainsi que la présence d’usure d’activité sur les dents d’un individu sont en faveur d’une population de laboratores. D’autre part, des indices concernant les pratiques alimentaires ont pu être décelés. L’usure des dents à laquelle s’ajoutent les pertes ante mortem et le nombre élevé de caries suggèrent en effet l’ingestion d’une nourriture riche en glucides incluant des particules abrasives (nourriture mal lavée ? Relation avec la façon de préparer la nourriture ?)
Peu d’informations recueillies sur le terrain nous renseignent sur l’utilisation de l’ensemble bâti. Il est cependant indiscutable que cette zone n’a pas fonctionné en tant que chapelle ou église. En effet, la présence d’un foyer au sein de l’édifice, de divers sols avec des niveaux de recharge ainsi que le plan en lui-même témoignent d’une fonction domestique et non religieuse.
Les datations 14C, les études céramiques ainsi que la stratigraphie permettent de situer l’occupation du site de la période gallo-romaine à nos jours avec une occupation plus importante au cours du Moyen Âge. Ainsi, l’occupation principale se situe entre le XIe et le XIVe siècle et concerne d’une part la zone funéraire et d’autre part la zone de bâti. L’étude des documents archéologiques de ce gisement est en cours. Il ne fait nul doute que les résultats permettront de mieux comprendre les relations qui ont pu exister entre l’aire funéraire et l’aire domestique dans un village marqué par une forte empreinte religieuse.
Localisation : Esclavolles-Lurey (Marne)
Année(s) d’intervention : 2009
Aménageur : Municipalité d’Esclavolles-Lurey
Thématique : Enclos protohistorique et habitat du haut Moyen Âge
Sur une superficie réduite d’environ 1800 m², un enclos circulaire de 10 m de diamètre, ouvert à l’est, a été découvert. L’absence de mobilier dans son comblement ainsi que de sépulture dans son espace interne ne permet pas une datation précise de l’ensemble. Au sud-est, une sépulture de l’âge du Bronze avec un calage de pierres renfermait une fibule et un anneau en bronze. La majorité des vestiges mis au jour concerne des structures d’habitat du haut Moyen Âge, disposées sur le rebord du vallon creusé par le ruisseau de Bécheret. Celles-ci se composent d’un bâtiment sur 16 poteaux auquel sont associés deux silos et au moins deux greniers sur six poteaux environnés de nombreuses fosses.
Localisation : Darvault (Seine-et-Marne)
Année(s) d’intervention : 2008
Aménageur : Aménagement 77
Thématique : Cimetière carolingien
La fouille du cimetière situé sur la parcelle de la Zac de la Pierre Levée à Darvault (Seine-et-Marne), réalisée du 11 février au 28 mars 2008, a permis l’étude exhaustive d’une aire d’inhumation « en plein champ » datée des VIIe–Xe siècles. Cet ensemble composé de 46 sépultures a montré une organisation groupée comportant quelques rangées sinueuses et occupant une surface d’environ
230 m².
Ce cimetière est implanté à proximité d’un affleurement rocheux, d’un ancien chemin et d’une limite paroissiale. Il est cependant impossible de certifier que ces éléments ont conditionné sa localisation. La proximité de silos en marge de l’aire funéraire pourrait permettre de la rattacher à un habitat dispersé. Le faible nombre d’inhumations, associé au caractère naturel de la population, caractérise le fonctionnement du cimetière sur une durée minimale de 120 ans, et pourrait témoigner d’un groupement funéraire familial.
L’étude du cimetière a montré une organisation sans recoupements impliquant un système de signalisation des tombes. Cette interprétation est argumentée par la présence d’une pierre de signalisation probable dans l’une des sépultures. Plusieurs types d’architectures funéraires ont pu être mis en évidence.
La présence de tombes à coffrages de bois est majoritaire mais non exclusive. Un certain nombre de sépultures à couvercle, reposant sur une banquette ou inséré dans une rainure, et une tombe anthropomorphe ont également été observées.
En outre, des linceuls ont été identifiés pour plus de la moitié des inhumations. Les sépultures sont toutes à caractère primaire individuel, sauf dans un cas où l’inhumation simultanée d’un individu adulte féminin et d’un immature de moins d’un an a été constatée.
Une évolution chronologique de l’utilisation du cimetière a été mise en évidence. Elle s’établit globalement du nord-est vers le sud-ouest de la zone funéraire et s’associe à une évolution dans l’architecture funéraire. Ainsi, si les tombes à coffrage de bois sont représentées sur toute la période d’utilisation du cimetière, les tombes à banquettes apparaissent plus tardives et la tombe anthropomorphe se révèle être un exemple précoce de ce type d’architecture dans la région.