Champ-Potet (Le)

Localisation : Châtres (Aube)
Année(s) d’intervention : 2009
Aménageur : Réseau Ferré de France
Thématique : Pratiques funéraires d’une nécropole à enclos de La Tène ancienne et moyenne

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Notice scientifique

Le site du Champ Potet se situe sur la commune de Châtres, à la limite des alluvions anciennes et récentes de la moyenne vallée de la Seine (Aube). La première occupation du site se caractérise par l’implantation de deux aires funéraires à la fin du IIIe siècle av. JC (La Tène B2).

La première, située au nord-est, se compose d’un regroupement de cinq, peut-être six sépultures, en partie ceintes par un enclos quadrangulaire très arasé. Deux sépultures, sans doute fondatrices, se distinguent de ce premier ensemble : la sépulture SP 74 qui a livré les restes de deux individus superposés, inhumés de manière différée, dont l’un était pourvu d’une épée, de son fourreau et d’un bouclier ; la sépulture SP 76 qui présentait une ceinture composée d’anneaux en alliage cuivreux et en fer, et un bracelet à six oves ornées.

La seconde aire funéraire, sensiblement contemporaine de la première se situe à une centaine de mètres au sud-ouest. Appréhendée de manière incomplète lors de la fouille, car se poursuivant hors emprise vers l’ouest, elle regroupe au moins onze enclos quadrangulaires, quinze sépultures à inhumations et trois sépultures à crémations dont les attributions chronologiques s’étalent de la fin de La Tène B2 à La Tène C2.
Trois petits bâtiments sur quatre poteaux, à l’intérieur d’enclos, ont été mis en évidence au dessus de sépultures et interprétées comme des cabanes funéraires. Un quatrième bâtiment, cette fois extérieur aux enclos, a également été identifié mais sa fonction et sa relation avec l’aire funéraire demeurent difficiles à appréhender. On remarque une partition des défunts en fonction de leur emplacement funéraire, suivant qu’ils aient été inhumés à l’intérieur ou à l’extérieur des enclos. À l’intérieur de l’enclos ST 12, la sépulture SP 24 a livré les restes d’un individu muni d’une épée dans son fourreau et d’une arme d’hast. Au sein du même enclos, la sépulture SP 4 se composait d’une crémation contenue dans un imposant dolium. Les ossements humains incinérés étaient accompagnés d’un bracelet composé d’éléments annulaires en alliage cuivreux et d’appliques en corail et quatre fibules en fer dont deux munies de volumineuses appliques coniques, également en corail. À l’intérieur de l’enclos ST 37, la sépulture à crémation SP 39 a livré un remarquable vase balustre ornée d’une riche et complexe frise aux représentations anthropomorphe, zoomorphes et cosmologiques connaissant peu d’équivalent dans le monde celtique. Les sépultures extérieures aux enclos, toutes des inhumations, se caractérisent par une plus grande sobriété, tant par la modestie des assemblages mobiliers (une ou deux fibules en fer uniquement) que des pratiques funéraires (fosses peu profondes, étroites et dépourvus d’aménagement boisé). Les fossés des enclos ne semblent pas avoir recelé de palissade et sont restés longtemps ouverts avant de se combler de manière naturelle. Certains comblements ont livré des tessons d’amphores du premier siècle de notre ère, ce qui suppose une poursuite de la fréquentation du site bien après les dernières inhumations, peut-être dans le cadre de cérémonies commémoratives.

Un grand bâtiment rectangulaire, porté par au moins neuf poteaux a été mis au jour en limite est de l’emprise et attribué à la période gallo-romaine. Deux structures, possiblement des silos de stockage pourraient lui être associées.

Après une période d’abandon, l’occupation du site se poursuit à la fin du Moyen Âge et durant l’Époque moderne par la mise en place d’une carrière d’extraction de calcaire. Certaines fosses très régulières et à fond plat pourraient être interprétées comme de possibles fonds de cabanes. Le peu de mobilier mis au jour dans le comblement de ces structures n’est cependant pas en faveur d’un site d’habitat permanent. Des carcasses de bœufs et de chevaux entiers ont été rejetées dans certaines fosses transformées en dépotoir jusqu’à une époque relativement récente.