Garde (La)

Localisation : Migné-Auxances (Vienne)
Année(s) d’intervention : 2011
Aménageur : Réseau Ferré de France
Thématique : Cimetière de plein champ du haut moyen Âge

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Notice scientifique

 Situé sur le tracé de la future LGV, le site de La Garde-Le Temps Perdu a fait l’objet d’une opération de diagnostic archéologique au printemps 2010 (sous la responsabilité de N. Connet, Inrap). La tranchée nord-ouest (tranchée 103) a mis au jour un petit ensemble funéraire. 14 fosses organisées en trois rangées distinctes ont été localisées sur une surface ouverte de 75 m². En l’absence de mobilier datant, une datation radiocarbone a été réalisée sur un fragment de mandibule affleurant. L’analyse a livré une date comprise entre 540 et 650, ce qui attribue la sépulture à l’époque mérovingienne. Suite à l’opération de diagnostic, une opération de fouille archéologique a été prescrite par le SRA Poitou-Charentes sur une superficie de 1500 m² (30 x 50 m) dans les limites de l’emprise du projet. L’opération de fouille, menée par la société Archéosphère a duré 6 semaines du 21 mars au 29 avril 2011.

Quarante neuf fosses sépulcrales individuelles, creusées dans le substrat calcaire ont été mises au jour, organisées en quatre rangées. Un fossé parcellaire formant un angle droit délimite la frontière orientale de la nécropole. Quatre sépultures viennent recouper ce fossé, attestant de son antériorité et vraisemblablement de son rôle dans le choix de l’implantation de l’aire funéraire. Les sépultures, peu profondes, présentent un état de conservation variable. Les défunts ont été inhumés en décubitus dorsal, les mains posées sur le bas ventre. L’observation de nombreuses pierres de calage dans les fosses et d’effets de parois sur les défunts soutiennent l’hypothèse d’inhumations dans des contenants en bois. Par ailleurs, trois fonds de cuves de sarcophages ont été mis au jour. Ces dernières ont fait l’objet d’une destruction partielle intentionnelle accompagnée d’une vidange totale des restes osseux ; les couvercles sont absents et les montants en grande partie brisés. Par ailleurs, 19 autres sépultures ont été entièrement remaniées et présentent des anomalies de conservation. Ces perturbations ne semblent pas en lien avec la gestion de la nécropole en vue de ménager de l’espace pour de nouvelles inhumations mais semblent être intervenues lors d’une phase postérieure à l’abandon de l’aire funéraire.

Seule la sépulture 28 a livré du mobilier, en l’occurrence une plaque-boucle ronde, en fer, à trois bossette attribuable aux années 560–640. Le peu de mobilier mis au jour pourrait être du au pillage de certaines sépultures. Néanmoins, ce constat peut également s’expliquer par l’abandon de la pratique de l’inhumation habillée sous l’influence du christianisme. Pour pallier à la rareté du mobilier permettant une approche typo-chronologique, quatre datations radiocarbones ont été réalisées. Les quatre analyses ont livré des attributions chronologiques très proches (640–680, 650–710, 640–690 et 640–680). Ainsi, la durée de fréquentation de la nécropole apparait très courte, de l’ordre de quelques générations seulement et pourrait étayer l’hypothèse d’une aire d’inhumation familiale installée à la périphérie de leur domaine.

La parcelle n’a pas livré de structures archéologiques permettant d’apprécier une occupation archéologique antérieure. En revanche, de nombreuses fosses de plantations de vignes ont été observées sur l’ensemble de la surface décapée, témoignant de l’important passé viticole de la commune attesté par les archives dès le XIIIe siècle.