Localisation : Witry-lès-Reims (Marne)
Année(s) d’intervention : 2011
Aménageur : AFUL Le Haut Chemin
Thématique : Une aire funéraire de la Tène ancienne
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Notice scientifique
Dans le cadre de la construction d’un lotissement, un diagnostic archéologique a été conduit par Yoann Rabasté (Inrap) en octobre 2010. Cette opération a permis de mettre au jour onze sépultures à inhumation laténiennes, deux fossés parcellaires gallo-romains et des vestiges de la Première Guerre mondiale.
Ces résultats confirment la présence d’une aire funéraire attribuée à La Tène ancienne, qui fut fouillée pendant plus de vingt ans aux lieux-dit La Noue du Haut Chemin et La Voie Carlat entre la fin du XIXe et le début du XXe s. Ces fouilles, dirigées par A. Bourin, ont livré plus d’une quarantaine de sépultures à inhumation. Les publications de Bourin dans les bulletins de la SAC décrivent des sépultures pouvant contenir un ou plusieurs défunts, accompagnés d’un important mobilier céramique et métallique.
À la vue de ces résultats, le SRA de Champagne-Ardenne a prescrit une fouille sur une surface de 6000 m² concernant principalement la zone funéraire. En mars et avril 2011, l’opération de fouilles préventives a livré quarante-sept sépultures à inhumation et sept enclos dont trois circulaires, deux quadrangulaires et deux en forme d’agrafe. Les limites orientale et méridionale de l’aire ont pu être définies grâce à l’opération de diagnostic. Néanmoins, les limites septentrionale et occidentale se situant en dehors de l’emprise du projet de construction, l’ensemble sépulcral n’est donc pas exhaustif. Un fossé parcellaire du Haut-Empire, quelques structures domestiques modernes et contemporaines et des vestiges issus de la Première Guerre mondiale ont également été mis au jour.
Sur les quarante-sept sépultures de l’aire funéraire, vingt-trois sépultures sont entièrement remaniées, vingt-trois ne le sont que partiellement. Une seule sépulture localisée au centre d’un enclos circulaire est conservée dans son intégralité. Les différentes perturbations identifiées ont plusieurs origines : les fouilles anciennes en majorité, les pillages, les tirs militaires de 1914–18 et les recoupements entre sépultures ou par d’autres structures. Au final, une vingtaine de sépultures ont pu être prises en compte pour l’étude des pratiques funéraires.
Les fosses sont rectangulaires et sont principalement orientés est/ouest à sud-est/nord-ouest. Les défunts sont inhumés sur le dos avec les membres en extension et la tête à l’ouest. Des contenants rigides et souples (plutôt de type vêtement) ainsi qu’une fosse couverte ont pu être identifiés.
Des vases en céramique (47 au total), composés essentiellement de vaisselle de présentation et de consommation, sont posés à la droite des individus. De la faune (bœuf, ovicapriné et porc) a aussi été déposée à droite des individus.
Certains défunts portent des éléments de parure (torque associé à deux bracelets, parfois des pendeloques) et des accessoires vestimentaires (fibule, agrafe de ceinture) confirmant la présence d’individus habillés. Enfin, des armes regroupant deux poignards et trois fers d’armes d’hasts, ainsi que des éléments de chars ont également été déposés dans les sépultures. Par ailleurs, une association singulière entre le type de mobilier et le sexe du défunt a été observée dans la seule sépulture intacte du site. En effet, il s’agit d’un homme paré d’un mobilier considéré comme typiquement féminin, composé d’un torque et de deux bracelets en alliage cuivreux, ainsi que des anneaux de coiffe en verre.
Les études spécialisées ont permis d’attribuer la période d’occupation de l’aire entre LT A1 et LT B1 voire le début de LT B2, soit entre 475 et 325 av. J.-C. Par ailleurs, l’étude biologique a révélé des individus possédant un état sanitaire relativement satisfaisant, malgré une activité physique intense. Six hommes, deux femmes et dix immatures ont pu être identifiés parmi les quarante-neuf individus.
L’organisation spatiale démontre la présence de rangées et d’enfilades, ainsi qu’une organisation de forme ellipsoïdale. Des zones vides de sépultures suggèrent la présence de lieux de circulation internes à l’aire.
La dynamique de l’occupation proposée suit une évolution chronologique débutant à LT A1 et se développant depuis le nord-est de l’aire jusqu’au sud-ouest. Deux enclos en agrafe renfermant cinq sépultures au total se sont par la suite implantés au sud-ouest pendant la phase de transition entre LT A1 et LT A2, soit aux environs de 430 av J.-C. Enfin, trois sépultures attribués à LT A2 et au début de LT B1 sont venues recouper des sépultures des deux premières phases, toujours au sud-ouest du site.
Les pratiques funéraires du site du Haut Chemin correspondent aux pratiques couramment observés dans la culture Aisne-Marne. Seule la sépulture d’homme doté de parure fait exception à la règle. En outre, la confrontation de nos données avec celles du site de La Commelle situé à environ 1,5 km montrent des résultats similaires concernant les données biologiques des individus. L’hypothèse de deux ensembles d’individus issus d’une même population pourrait être proposée