Archives pour la catégorie Archéologie préventive

Pierre Levée (La)

Localisation : Darvault (Seine-et-Marne)
Année(s) d’intervention : 2008
Aménageur : Aménagement 77
Thématique : Cimetière carolingien

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Notice scientifique

La fouille du cimetière situé sur la parcelle de la Zac de la Pierre Levée à Darvault (Seine-et-Marne), réalisée du 11 février au 28 mars 2008, a permis l’étude exhaustive d’une aire d’inhumation « en plein champ » datée des VIIe–Xe siècles. Cet ensemble composé de 46 sépultures a montré une organisation groupée comportant quelques rangées sinueuses et occupant une surface d’environ
230 m².

Ce cimetière est implanté à proximité d’un affleurement rocheux, d’un ancien chemin et d’une limite paroissiale. Il est cependant impossible de certifier que ces éléments ont conditionné sa localisation. La proximité de silos en marge de l’aire funéraire pourrait permettre de la rattacher à un habitat dispersé. Le faible nombre d’inhumations, associé au caractère naturel de la population, caractérise le fonctionnement du cimetière sur une durée minimale de 120 ans, et pourrait témoigner d’un groupement funéraire familial.

L’étude du cimetière a montré une organisation sans recoupements impliquant un système de signalisation des tombes. Cette interprétation est argumentée par la présence d’une pierre de signalisation probable dans l’une des sépultures. Plusieurs types d’architectures funéraires ont pu être mis en évidence.
La présence de tombes à coffrages de bois est majoritaire mais non exclusive. Un certain nombre de sépultures à couvercle, reposant sur une banquette ou inséré dans une rainure, et une tombe anthropomorphe ont également été observées.
En outre, des linceuls ont été identifiés pour plus de la moitié des inhumations. Les sépultures sont toutes à caractère primaire individuel, sauf dans un cas où l’inhumation simultanée d’un individu adulte féminin et d’un immature de moins d’un an a été constatée.

Une évolution chronologique de l’utilisation du cimetière a été mise en évidence. Elle s’établit globalement du nord-est vers le sud-ouest de la zone funéraire et s’associe à une évolution dans l’architecture funéraire. Ainsi, si les tombes à coffrage de bois sont représentées sur toute la période d’utilisation du cimetière, les tombes à banquettes apparaissent plus tardives et la tombe anthropomorphe se révèle être un exemple précoce de ce type d’architecture dans la région.

Petites Vignes (Les)

Localisation : Trois-Puits (Marne)
Année(s) d’intervention : 2011
Aménageur : SANEF
Thématique : Aire funéraire laténienne

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Notice scientifique

Le site 4 (contournement sud de Reims), nommé « Les Petites Vignes », est en limite des communes de Trois-Puits et de Reims. Ce site, fouillé sur une surface de 4000 m², est situé sur le haut d’un versant encadrant un vallon d’orientation nord-est / sud-ouest. Il comprend une petite zone funéraire rurale composée de onze sépultures et des structures d’occupation telles que des silos, des trous de poteaux et des fossés parcellaires.

L’aire funéraire est composée de onze sépultures individuelles d’orientation est / ouest, la tête étant située à l’ouest. Ces fosses contenaient du mobilier métallique, le plus souvent composé d’objets de parure et d’accessoires (torque, fibules, anneaux en alliage cuivreux…), du mobilier céramique et des dépôts de faune, en majorité des ossements de suidé témoignant du dépôt de portions d’épaule et de jambon. L’étude du mobilier replace ces structures funéraires à la période de transition Tène ancienne / Tène moyenne et à la Tène moyenne. Des traces de pillages et / ou de fouilles anciennes ont pu être observées (remaniement de la partie supérieure des squelettes et traces d’oxydation liées à un alliage cuivreux sur certains os).

Les autres structures archéologiques reflètent une activité agricole et représentent au moins deux phases d’occupation :

Deux silos, de même diamètre, qui recèlent de la céramique de l’Hallstatt et de la Tène ancienne, cet ensemble est donc antérieur à l’aire funéraire.

Un réseau de fossés parcellaires s’implantant dès la fin du Moyen Âge.

Des trous de poteaux : aucun indice chronologique, spatial et typologique ne permet de réaliser des associations et de les rattacher à un ensemble. Ces trous de poteaux peuvent être tout aussi bien liés à l’activité agricole (phase d’occupation de l’Hallstatt ou de celle de la fin du Moyen Âge) qu’à la zone funéraire laténienne.

La fosse en Y et les fosses : aucun mobilier n’a été retrouvé dans ces structures, il est donc difficile de leur attribuer une fonctionnalité et de les rattacher à une phase d’occupation.

Enfin, de rares tessons gallo-romains indiquent la présence d’une occupation attribuable à cette période, à proximité de notre site.

Haut Chemin (Le)

Localisation : Witry-lès-Reims (Marne)
Année(s) d’intervention : 2011
Aménageur : AFUL Le Haut Chemin
Thématique : Une aire funéraire de la Tène ancienne

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Notice scientifique

Dans le cadre de la construction d’un lotissement, un diagnostic archéologique a été conduit par Yoann Rabasté (Inrap) en octobre 2010. Cette opération a permis de mettre au jour onze sépultures à inhumation laténiennes, deux fossés parcellaires gallo-romains et des vestiges de la Première Guerre mondiale.

Ces résultats confirment la présence d’une aire funéraire attribuée à La Tène ancienne, qui fut fouillée pendant plus de vingt ans aux lieux-dit La Noue du Haut Chemin et La Voie Carlat entre la fin du XIXe et le début du XXe s. Ces fouilles, dirigées par A. Bourin, ont livré plus d’une quarantaine de sépultures à inhumation. Les publications de Bourin dans les bulletins de la SAC décrivent des sépultures pouvant contenir un ou plusieurs défunts, accompagnés d’un important mobilier céramique et métallique.

À la vue de ces résultats, le SRA de Champagne-Ardenne a prescrit une fouille sur une surface de 6000 m² concernant principalement la zone funéraire. En mars et avril 2011, l’opération de fouilles préventives a livré quarante-sept sépultures à inhumation et sept enclos dont trois circulaires, deux quadrangulaires et deux en forme d’agrafe. Les limites orientale et méridionale de l’aire ont pu être définies grâce à l’opération de diagnostic. Néanmoins, les limites septentrionale et occidentale se situant en dehors de l’emprise du projet de construction, l’ensemble sépulcral n’est donc pas exhaustif. Un fossé parcellaire du Haut-Empire, quelques structures domestiques modernes et contemporaines et des vestiges issus de la Première Guerre mondiale ont également été mis au jour.

Sur les quarante-sept sépultures de l’aire funéraire, vingt-trois sépultures sont entièrement remaniées, vingt-trois ne le sont que partiellement. Une seule sépulture localisée au centre d’un enclos circulaire est conservée dans son intégralité. Les différentes perturbations identifiées ont plusieurs origines : les fouilles anciennes en majorité, les pillages, les tirs militaires de 1914–18 et les recoupements entre sépultures ou par d’autres structures. Au final, une vingtaine de sépultures ont pu être prises en compte pour l’étude des pratiques funéraires.

Les fosses sont rectangulaires et sont principalement orientés est/ouest à sud-est/nord-ouest. Les défunts sont inhumés sur le dos avec les membres en extension et la tête à l’ouest. Des contenants rigides et souples (plutôt de type vêtement) ainsi qu’une fosse couverte ont pu être identifiés.

Des vases en céramique (47 au total), composés essentiellement de vaisselle de présentation et de consommation, sont posés à la droite des individus. De la faune (bœuf, ovicapriné et porc) a aussi été déposée à droite des individus.

Certains défunts portent des éléments de parure (torque associé à deux bracelets, parfois des pendeloques) et des accessoires vestimentaires (fibule, agrafe de ceinture) confirmant la présence d’individus habillés. Enfin, des armes regroupant deux poignards et trois fers d’armes d’hasts, ainsi que des éléments de chars ont également été déposés dans les sépultures. Par ailleurs, une association singulière entre le type de mobilier et le sexe du défunt a été observée dans la seule sépulture intacte du site. En effet, il s’agit d’un homme paré d’un mobilier considéré comme typiquement féminin, composé d’un torque et de deux bracelets en alliage cuivreux, ainsi que des anneaux de coiffe en verre.

Les études spécialisées ont permis d’attribuer la période d’occupation de l’aire entre LT A1 et LT B1 voire le début de LT B2, soit entre 475 et 325 av. J.-C. Par ailleurs, l’étude biologique a révélé des individus possédant un état sanitaire relativement satisfaisant, malgré une activité physique intense. Six hommes, deux femmes et dix immatures ont pu être identifiés parmi les quarante-neuf individus.

L’organisation spatiale démontre la présence de rangées et d’enfilades, ainsi qu’une organisation de forme ellipsoïdale. Des zones vides de sépultures suggèrent la présence de lieux de circulation internes à l’aire.

La dynamique de l’occupation proposée suit une évolution chronologique débutant à LT A1 et se développant depuis le nord-est de l’aire jusqu’au sud-ouest. Deux enclos en agrafe renfermant cinq sépultures au total se sont par la suite implantés au sud-ouest pendant la phase de transition entre LT A1 et LT A2, soit aux environs de 430 av J.-C. Enfin, trois sépultures attribués à LT A2 et au début de LT B1 sont venues recouper des sépultures des deux premières phases, toujours au sud-ouest du site.

Les pratiques funéraires du site du Haut Chemin correspondent aux pratiques couramment observés dans la culture Aisne-Marne. Seule la sépulture d’homme doté de parure fait exception à la règle. En outre, la confrontation de nos données avec celles du site de La Commelle situé à environ 1,5 km montrent des résultats similaires concernant les données biologiques des individus. L’hypothèse de deux ensembles d’individus issus d’une même population pourrait être proposée

Garde (La)

Localisation : Migné-Auxances (Vienne)
Année(s) d’intervention : 2011
Aménageur : Réseau Ferré de France
Thématique : Cimetière de plein champ du haut moyen Âge

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Notice scientifique

 Situé sur le tracé de la future LGV, le site de La Garde-Le Temps Perdu a fait l’objet d’une opération de diagnostic archéologique au printemps 2010 (sous la responsabilité de N. Connet, Inrap). La tranchée nord-ouest (tranchée 103) a mis au jour un petit ensemble funéraire. 14 fosses organisées en trois rangées distinctes ont été localisées sur une surface ouverte de 75 m². En l’absence de mobilier datant, une datation radiocarbone a été réalisée sur un fragment de mandibule affleurant. L’analyse a livré une date comprise entre 540 et 650, ce qui attribue la sépulture à l’époque mérovingienne. Suite à l’opération de diagnostic, une opération de fouille archéologique a été prescrite par le SRA Poitou-Charentes sur une superficie de 1500 m² (30 x 50 m) dans les limites de l’emprise du projet. L’opération de fouille, menée par la société Archéosphère a duré 6 semaines du 21 mars au 29 avril 2011.

Quarante neuf fosses sépulcrales individuelles, creusées dans le substrat calcaire ont été mises au jour, organisées en quatre rangées. Un fossé parcellaire formant un angle droit délimite la frontière orientale de la nécropole. Quatre sépultures viennent recouper ce fossé, attestant de son antériorité et vraisemblablement de son rôle dans le choix de l’implantation de l’aire funéraire. Les sépultures, peu profondes, présentent un état de conservation variable. Les défunts ont été inhumés en décubitus dorsal, les mains posées sur le bas ventre. L’observation de nombreuses pierres de calage dans les fosses et d’effets de parois sur les défunts soutiennent l’hypothèse d’inhumations dans des contenants en bois. Par ailleurs, trois fonds de cuves de sarcophages ont été mis au jour. Ces dernières ont fait l’objet d’une destruction partielle intentionnelle accompagnée d’une vidange totale des restes osseux ; les couvercles sont absents et les montants en grande partie brisés. Par ailleurs, 19 autres sépultures ont été entièrement remaniées et présentent des anomalies de conservation. Ces perturbations ne semblent pas en lien avec la gestion de la nécropole en vue de ménager de l’espace pour de nouvelles inhumations mais semblent être intervenues lors d’une phase postérieure à l’abandon de l’aire funéraire.

Seule la sépulture 28 a livré du mobilier, en l’occurrence une plaque-boucle ronde, en fer, à trois bossette attribuable aux années 560–640. Le peu de mobilier mis au jour pourrait être du au pillage de certaines sépultures. Néanmoins, ce constat peut également s’expliquer par l’abandon de la pratique de l’inhumation habillée sous l’influence du christianisme. Pour pallier à la rareté du mobilier permettant une approche typo-chronologique, quatre datations radiocarbones ont été réalisées. Les quatre analyses ont livré des attributions chronologiques très proches (640–680, 650–710, 640–690 et 640–680). Ainsi, la durée de fréquentation de la nécropole apparait très courte, de l’ordre de quelques générations seulement et pourrait étayer l’hypothèse d’une aire d’inhumation familiale installée à la périphérie de leur domaine.

La parcelle n’a pas livré de structures archéologiques permettant d’apprécier une occupation archéologique antérieure. En revanche, de nombreuses fosses de plantations de vignes ont été observées sur l’ensemble de la surface décapée, témoignant de l’important passé viticole de la commune attesté par les archives dès le XIIIe siècle.

Église Saint-Vincent

Localisation : Mérignac (Gironde)
Année(s) d’intervention : 2007
Aménageur : Bouygues Immobilier
Thématique : Cimetière médiéval et moderne

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Notice scientifique

La parcelle du cimetière de l’église Saint-Vincent de Mérignac se situe parallèlement au mur gouttereau nord de l’église entre l’Avenue du Maréchal Leclerc et la rue de la Vieille église. La zone explorée, d’une surface de 300 m2, avait été repérée lors d’un diagnostic réalisé en 2007 (Scuiller 2007). Face à la présence de nombreuses structures funéraires datées du Moyen Âge à la période moderne la fonction cimetériale de cette parcelle fut aussitôt révélée.

L’opération de fouille a été réalisée durant cinq semaines en novembre et décembre 2007. L’occupation de la parcelle commence réellement aux XIe–XIIe siècles comme l’indique la présence de quelques inhumations associées à un fossé. Un niveau d’occupation, dans le secteur nord de la zone de fouille, présentant une série de fosses circulaires pouvant être interprétées comme des silos, est très certainement contemporain de cette première phase.

Les structures funéraires mises au jour sur la parcelle se répartissent de part et d’autre d’une limite rectiligne orientée est/ouest, matérialisée par deux fossés, un talus puis un mur qui se juxtaposent successivement au même endroit.

Au nord de cette limite, qui semble être le mur de clôture du cimetière de l’église Saint-Vincent, par ailleurs mentionné par les archives historiques, les inhumations se sont établies du XIe au XVe siècle d’après les céramiques et les datations 14C. Ces dernières, réalisées sur les ossements humains, donnent une fourchette chronologique comprise entre le XIe et le XIIIe siècle. Ces inhumations (23 inhumations individuelles et une inhumation double) ne présentaient aucun aménagement particulier, toutes en pleine terre, orientées ouest-est, et toutes dépourvues de matériel à l’exception d’une seule dans un coffre funéraire en pierres jointives. Au total, ce sont 25 sujets adultes et 12 immatures qui ont été retrouvés sur ce site.

En revanche au sud de cette clôture, un ensemble de 13 sépultures mises en place durant la période moderne, voire le XIXe siècle, ont été repérées. Pour la plupart d’entre elles, il ne subsiste des individus inhumés que quelques connexions en place. Il s’agit d’inhumations en cercueil et/ou en linceul attestés par la présence in situ d’épingles et de clous. Enfin le grand nombre d’ossements découverts en position secondaire au sud du mur, à proximité immédiate de celui-ci, laisse supposer qu’une partie du cimetière est détruite lorsque la parcelle perd son usage funéraire avec l’implantation successive de plusieurs bâtiments au XXe siècle.

Échenilly

Localisation : Saint-André-les-Vergers (Aube)
Année(s) d’intervention : 2010
Aménageur : Aube Immobilier
Thématique : Aire funéraire rurale du Bas-Empire

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Notice scientifique

En mars 2010, dans le cadre de la construction de lotissements sur la Zac d’Échenilly à Saint-André-les-Vergers (Aube), une opération de fouille préventive a été réalisée sur une aire funéraire rurale attribuée au Bas-Empire (milieu IIIe–fin IVe s.).

Les 2500 m² décapés ont permis la fouille exhaustive d’une zone sépulcrale composée de trente sépultures à inhumation et d’une crémation, concentrées sur une surface d’environ 380 m2. À cet ensemble s’ajoute deux fosses vides correspondant vraisemblablement à des sépultures de jeunes enfants.

L’organisation spatiale de cette aire funéraire est originale puisque quasiment deux tiers de ces sépultures s’étendent suivant deux axes orientés est/ouest. Une seule rangée perpendiculaire s’insère au centre de cet alignement.

Les défunts sont inhumés dans des fosses étroites et profondes, pouvant atteindre 1,50 m dans le substrat. Ils reposent sur le dos, les mains sur l’abdomen ou le bassin, la tête placée généralement à l’ouest. De plus, de gros clous associés à des restes de bois ont été retrouvés en place et attestent du dépôt de ces individus dans des cercueils. Seuls deux individus ont été inhumés dans une enveloppe souple périssable uniquement.

À l’extrémité de l’aire funéraire se trouve une fosse sépulcrale plutôt insolite. En effet, un défunt a été déposé dans une fosse rectangulaire, elle-même creusée au fond d’une fosse circulaire de 2 m de diamètre. À l’autre extrémité, l’unique sépulture à crémation reposait vraisemblablement dans un coffret en matière périssable, chacun de ses angles étant maintenus par un clou.

Sur ce site, deux types de mobilier ont été observés. Le premier correspond à des éléments témoignant de la présence de sépultures habillées. Des vestiges de chaussures, représentées par des clous, ont été mis au jour. Ces chaussures étaient soit portées par les défunts, soit déposées à leurs pieds. D’autres objets, tels que des boucles de ceinture, une fibule, un fragment d’anneau, un bracelet en lignite et des perles en verre ont également été découverts.

Le deuxième type de mobilier associé aux défunts concerne les viatiques. Il s’agit de vases, de gobelets et de bouteilles en céramique et en verre. Suivant le type de matériau, les objets sont placés différemment dans les sépultures : ceux en verre sont déposés préférentiellement à la tête et ceux en céramique aux pieds. L’ensemble de ce mobilier est exceptionnellement bien conservé puisque les formes sont complètes et non fragmentées dans les sépultures. Par ailleurs, ce mobilier se présente sous deux formes : la vaisselle quotidienne et les vases miniaturisés, de même type que la vaisselle, mais conçus spécialement pour le dépôt funéraire.

Les études de mobiliers de ce site associées à l’étude anthropologique permettent de préciser l’organisation au sein de cet ensemble funéraire, de mieux cerner les pratiques funéraires employées par cette petite population rurale et d’appréhender a minima leur vie quotidienne à travers l’état sanitaire.

Croix Blandin (La)

Localisation : Reims (Marne)
Année(s) d’intervention : 2008
Aménageur : Agencia — Reims Métropole
Thématique : La nécropole laténienne

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Notice scientifique

Deux nécropoles laténiennes ont été partiellement fouillées sur le secteur de la Croix-Blandin à Reims du 15 juillet au 12 septembre 2008.

La première nécropole « La Croix-Chaudron » présente 17 fosses sépulcrales creusées dans la craie. Les sépultures bien qu’en majorité déjà fouillées au début du XXe ont livré un riche mobilier céramique composé de 45 pièces remarquablement conservées. L’occupation du site débute au tout début du LT A, au cours du Ve siècle avant J.-C. pour s’achever à la transition LT A-B1. La sépulture 7, l’une des rares à ne pas être pillées, a livré un guerrier en arme avec épée courte, pointe de javelot et couteau. La sépulture 16 a livré un torque en bronze et une paire de bracelets. Des gestes funéraires, prélèvement et remaniement d’ossements, vidanges de fosse ont été mis en évidence sur plusieurs sépultures.

La seconde nécropole « Le Champ Dolent » marquée par la Grande Guerre a livré 30 sépultures dont 3 entourées d’enclos funéraires, deux carrés et un circulaire. Les sépultures étaient majoritairement pillées et ont livré un mobilier et des restes osseux très lacunaires. Les restes de 22 contenants en céramique permettent de situer l’occupation du site à partir du début du IIIe siècle av. J.-C., au LT B1 pour s’achever au tout début de LT C1. Deux sépultures féminines intactes ont livré de belles ceintures composées d’anneaux en bronze.

Clos II (Le)

Localisation : Buchères (Aube)
Année(s) d’intervention : 2009
Aménageur : Troyes Habitat
Thématique : Cimetière de plein champ du haut Moyen Âge

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Notice scientifique

Le choix d’implantation d’un lotissement d’habitations « Le Clos II » au lieu-dit « Le Clos » à Buchères (Aube) a été à l’origine de la découverte d’un cimetière de plein champ du haut Moyen Âge en novembre 2005. Une opération de fouille préventive a été réalisée sur une superficie de 4800 m² durant l’été 2009 afin de circonscrire et étudier de manière exhaustive cette vaste aire funéraire.

La fouille a montré une fréquentation du site remontant au Néolithique ancien, voire au Mésolithique, en livrant de rares restes de rejets domestiques (céramiques, lithiques, fauniques). L’essentiel de la fouille a porté sur l’aire funéraire qui a livré les restes de 151 individus répartis dans 139 structures funéraires. En revanche, aucune structure bâtie témoignant de l’existence d’un édifice religieux n’a été mise au jour. Une grande série de datation radiocarbone mais aussi la présence de mobilier associé à certains défunts permet d’apprécier la durée de fonctionnement du cimetière. Les premières inhumations remontent à la fin du VIe siècle. L’aire funéraire semble atteindre les limites de son extension vers la fin du IXe, puis cesse de fonctionner au début du XIe. En considérant une durée d’occupation de plus de quatre siècles, il est envisageable que les individus inhumés appartiennent à un petit groupe, peut être une seule famille habitant un hameau à proximité dont la localisation exacte demeure pour l’heure inconnue. L’association de plusieurs défunts par le réemploi des fosses et le partage de certains caractères anatomiques accréditent cette idée de regroupements familiaux. L’étude paléodémographique a montré qu’en dehors des très jeunes individus décédés avant l’âge d’un an, les défunts inhumés étaient représentatifs d’une population exhaustive au schéma de mortalité archaïque. L’étude anthropologique a mis en évidence des taux de caries, de pertes et d’abcès dentaires particulièrement élevés, suggérant un groupe défavorisé au régime alimentaire peu diversifié.

Les pratiques funéraires apparaissent très simples et standardisées et se limitent, dans le cas général, à une inhumation en plein terre dans une fosse aux dimensions modestes et dépourvues du moindre aménagement. L’usage de linceuls a pu être mis en évidence dans de nombreux cas. Les sépultures les plus anciennes témoignent de la persistance de la pratique de l’inhumation habillée et ont livré des éléments de ceintures (plaques-boucles) dont certains portent de riches décors damasquinés. En revanche, la grande majorité des sépultures plus tardives est dépourvue de mobilier et révèle l’influence du Christianisme et la mise aux normes des pratiques funéraires par l’Église dans les campagnes auboises.

Chemin de l’Huitre (Le)

Localisation : Le Chêne (Aube)
Année(s) d’intervention : 2009
Aménageur : Municipalité du Chêne
Thématique : Les pratiques funéraires au second âge du Fer

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Notice scientifique

Réalisée sur une superficie de 2200 m², la fouille sur la parcelle du « Chemin de l’huître » a mis en évidence la présence de trois fosses protohistoriques au profil en V, vraisemblablement utilisées comme fosses-pièges. Un petit espace funéraire constitué de quatre sépultures et d’un enclos funéraire quadrangulaire de l’époque laténienne a également été mis au jour. Trois de ces sépultures sont attribuables à des individus de sexe féminin et ont livré un mobilier métallique particulièrement riche. La sépulture la plus fastueuse (n°3) a révélé une belle parure en alliage cuivreux constituée de deux torques torsadés, deux bracelets de cheville, un gros bracelet à oves porté au bras gauche, deux ceintures composées de dizaines d’anneaux en bronze intercalés avec des perles en pate de verre bleu. Un ou plusieurs colliers constitués de nombreuses perles en corail, ambre et verre ont été mis en évidence. Un dépôt d’objets divers en bronze accompagnait la défunte (fragments de fibules, anneaux et bracelets). La sépulture n°2 a livré les restes d’une jeune femme portant une ceinture d’anneaux en bronze fermée par une agrafe zoomorphe et un volumineux bracelet au poignet droit. Une barre en fer était déposé sur son côté. La sépulture n°1, plus modeste a néanmoins livré de multiples éléments de parure féminine. La défunte portait une prothèse dentaire en fer à la place d’une incisive supérieure. Enfin, la sépulture n°4, pourtant centrale dans l’enclos diffère grandement pas son grand dénuement matériel. Le mobilier métallique mis au jour permet d’attribuer cet ensemble funéraire à la Tène B2–C1 (première moitié du IIIe av. JC.).

Champ-Potet (Le)

Localisation : Châtres (Aube)
Année(s) d’intervention : 2009
Aménageur : Réseau Ferré de France
Thématique : Pratiques funéraires d’une nécropole à enclos de La Tène ancienne et moyenne

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Notice scientifique

Le site du Champ Potet se situe sur la commune de Châtres, à la limite des alluvions anciennes et récentes de la moyenne vallée de la Seine (Aube). La première occupation du site se caractérise par l’implantation de deux aires funéraires à la fin du IIIe siècle av. JC (La Tène B2).

La première, située au nord-est, se compose d’un regroupement de cinq, peut-être six sépultures, en partie ceintes par un enclos quadrangulaire très arasé. Deux sépultures, sans doute fondatrices, se distinguent de ce premier ensemble : la sépulture SP 74 qui a livré les restes de deux individus superposés, inhumés de manière différée, dont l’un était pourvu d’une épée, de son fourreau et d’un bouclier ; la sépulture SP 76 qui présentait une ceinture composée d’anneaux en alliage cuivreux et en fer, et un bracelet à six oves ornées.

La seconde aire funéraire, sensiblement contemporaine de la première se situe à une centaine de mètres au sud-ouest. Appréhendée de manière incomplète lors de la fouille, car se poursuivant hors emprise vers l’ouest, elle regroupe au moins onze enclos quadrangulaires, quinze sépultures à inhumations et trois sépultures à crémations dont les attributions chronologiques s’étalent de la fin de La Tène B2 à La Tène C2.
Trois petits bâtiments sur quatre poteaux, à l’intérieur d’enclos, ont été mis en évidence au dessus de sépultures et interprétées comme des cabanes funéraires. Un quatrième bâtiment, cette fois extérieur aux enclos, a également été identifié mais sa fonction et sa relation avec l’aire funéraire demeurent difficiles à appréhender. On remarque une partition des défunts en fonction de leur emplacement funéraire, suivant qu’ils aient été inhumés à l’intérieur ou à l’extérieur des enclos. À l’intérieur de l’enclos ST 12, la sépulture SP 24 a livré les restes d’un individu muni d’une épée dans son fourreau et d’une arme d’hast. Au sein du même enclos, la sépulture SP 4 se composait d’une crémation contenue dans un imposant dolium. Les ossements humains incinérés étaient accompagnés d’un bracelet composé d’éléments annulaires en alliage cuivreux et d’appliques en corail et quatre fibules en fer dont deux munies de volumineuses appliques coniques, également en corail. À l’intérieur de l’enclos ST 37, la sépulture à crémation SP 39 a livré un remarquable vase balustre ornée d’une riche et complexe frise aux représentations anthropomorphe, zoomorphes et cosmologiques connaissant peu d’équivalent dans le monde celtique. Les sépultures extérieures aux enclos, toutes des inhumations, se caractérisent par une plus grande sobriété, tant par la modestie des assemblages mobiliers (une ou deux fibules en fer uniquement) que des pratiques funéraires (fosses peu profondes, étroites et dépourvus d’aménagement boisé). Les fossés des enclos ne semblent pas avoir recelé de palissade et sont restés longtemps ouverts avant de se combler de manière naturelle. Certains comblements ont livré des tessons d’amphores du premier siècle de notre ère, ce qui suppose une poursuite de la fréquentation du site bien après les dernières inhumations, peut-être dans le cadre de cérémonies commémoratives.

Un grand bâtiment rectangulaire, porté par au moins neuf poteaux a été mis au jour en limite est de l’emprise et attribué à la période gallo-romaine. Deux structures, possiblement des silos de stockage pourraient lui être associées.

Après une période d’abandon, l’occupation du site se poursuit à la fin du Moyen Âge et durant l’Époque moderne par la mise en place d’une carrière d’extraction de calcaire. Certaines fosses très régulières et à fond plat pourraient être interprétées comme de possibles fonds de cabanes. Le peu de mobilier mis au jour dans le comblement de ces structures n’est cependant pas en faveur d’un site d’habitat permanent. Des carcasses de bœufs et de chevaux entiers ont été rejetées dans certaines fosses transformées en dépotoir jusqu’à une époque relativement récente.